11- Antonius Driessens

Artiste plasticien

"Après avoir fait une école de design et ensuite une école d'art j'ai été contacté par une agence de communication et je suis entré dans le monde numérique qui en était à ses débuts. Un monde qui m'attirait et que je voulais découvrir et explorer. En parallèle j'ai créé quelques habillages sonores pour des projets artistiques et commerciaux. Ce monde virtuel et éphémère m'a donné satisfaction tant que c'était nouveau pour moi mais après plusieurs années j'ai eu besoin de retourner au monde réel, tactile, physique et c'est ce besoin qui m'a conduit vers mon travail actuel. Par ailleurs le bois est travaillé dans ma famille depuis 1794. Cette une matière vivante, comme nous, et elle change avec le temps, tout comme nous. Il y a dans mon travail cette volonté de laisser une trace. Une trace dans le temps à travers la matière qui porte en elle des traces du temps. On pourrait penser qu'il n'y a aucun rapport entre le le bois et le textile, mais pour moi il y en a entre les planches vieillies par le temps et les éléments, et le vieux jean usé par le temps et les lavages successifs c'est pourquoi j'ai décidé dans mon travail de les mettre en valeur. Dans le textile on touche à l'intime. Que serait un arbre sans ses branches, un simple tronc, que serait notre tronc sans nos jambes ? Le jean habille notre corps, le protège aussi, c'est un tissu très résistant utilisé au début pour faire des bâches et des vêtements de travail pour les ouvriers et les orpailleurs. Je n'ai pas choisi le jean par hasard. Non seulement le jean a traversé notre temps mais en tant qu'artiste habitant du Gard et plus précisément dans le Piémont-Cévenol, je me suis intéressé à l'histoire de ma région et j'ai découvert que ce sont des bergers cévenols qui ont inventé cette toile de serge, ce mélange de soie et de laine entrelacé de fils de chaîne bleu. La toile confectionnée arrivait à Nîmes (d'où le nom « denim ») où des marchands l'expédiaient ensuite vers le port de Gênes, le mot jean viendrait de la déformation du nom de la ville italienne par où le tissus transitait. Habitant et travaillant entre les Cévennes et Nîmes, utiliser la toile de serge était une évidence. Je considère le bois comme patrimoine naturel et le denim comme patrimoine culturel."