Chris CLAVIER

Peintre, plasticienne - Collorgues (30) -

En décembre 1989 j’ai peint par nécessité mystérieuse ,ma première toile. Le mystère résiderait-il dans le bleu de méthylène enfermé dans les petits sacs de mousseline, dilués dans la lessive et dans le bleu de sulfate, pulvérisé, qui me fascinaient lorsque j’avais 4 ans ? 

Je me suis enrichie de plusieurs expériences "techniques", dont 6 ans de travail solide à l'atelier de dessins du musée des beaux arts de Roanne. Ma rencontre, en 1992, avec Pierre de Monner, amateur d'art érudit, fut déterminante, de même que mon entrée à la Fondation Taylor dont je suis membre depuis 2007. 

Après mes premières toiles spontanément abstraites («Jet d’huile» «Borée»), une période figurative salvatrice au service de mon histoire personnelle («Tresse noire» «Souk Girl» «La rupture») a permis l’ouverture des portes de l’Infini.

Ma peinture est alors devenue résolument abstraite, projection de moi-même sans écran, conséquence de ma grande inquiétude intérieure et de celle du monde, seul l’abstrait pouvant pour moi transcender le réel. Libre de tout autre programme, chaque pièce n’a maintenant d’autre raison d’être que son aventure singulière. Rien ne peut la prédire. Je peins dans l’ignorance totale des rivages où je vais aborder, où résonnent des musiques de cristal et d'altitude, où planent des mystères, m’abandonnant à la moindre pulsation sans me laisser cependant noyer par les flots.

Mon processus de création ? Une première étape libératrice où je jette littéralement un enduit sur mes pièces posées au sol, au rythme de ce à quoi je suis connectée (Musique. Silence. Errances) puis sur chevalet je joue avec les couleurs ,à l’huile et aux pigments. Ensuite je voile, je substitue des fragments. Peinture Palimpseste? pour ensuite encore fouiller dans l’enfoui à la recherche d’éclats d’Absolu. Ma dernière étape, dans le frais toujours, «soude», fixe, capture cet espace et tout ce qui est aussi à l’intérieur. Ma signature s’accompagne d’un petit carré à la feuille d’or et je titre «Soir de cristal» «Rouge essentiel». J’ai deux supports de prédilection, la toile de lin et le «grattage». Le format 150x100 cm est depuis longtemps un des mes favoris.​

Suspendre le temps ! Peindre comme on écrit des poèmes de silence ! Je navigue entre quiétude et tension, habitée par le désir d'offrir à qui s’approche, autant de voyages que ceux que je vis dans les sphères infinies de la peinture.